Le bunker de Margival
Passionné d’histoire ou simple promeneur, vous pouvez découvrir, au coin d’un bois et cachés dans les broussailles ou dans un champ, des ouvrages militaires en béton érigés dans la région de Margival.
Seul, celui poussé par la curiosité et désireux de poser des questions aux habitants du secteur sur les raisons de leur présence, découvrira leur histoire.
Le lien qui existe entre nos deux grandes guerres et ces blockhaus est la venue d’ Adolf Hitler en 1918. Il combat alors sur le chemin des Dames comme agent de liaison au 18e RI.
C’est en vainqueur de la bataille de France et Chancelier du 3e Reich qu’il sera amené à y revenir en 1940.
Le 22 juin 1940, quand Adolf Hitler revient en grand vainqueur pour visiter les lieux où il a combattu pendant l’offensive de 1918, il décide de faire installer dans les bois de Margival, près du tunnel de Vauxaillon, un quartier général provisoire.
Tous ces ouvrages, visibles dans le bois de Margival, sont des blockhaus construits entre 1942 et 1944. Ils ont été érigés par les Allemands, sur ses ordres, pour y installer un grand quartier général.
475 bâtiments sont répartis sur 8 communes : Margival, Laffaux, Vauxaillon, Neuville sur Margival, Vregny, Terny-Sorny et Vuillery.
Ils font partie d’un système de fortification chargé de protéger le « Führerhauptquartier Wolfsschlucht 2,W2 de Margival ».
Celui-ci sera chargé d’accueillir son état- major pendant l’opération « Seelowe, lion de mer » plan d’invasion de l’Angleterre.
Le tunnel de Vauxaillon long de 647 mètres est le point d’intérêt principal qui définira le choix de Margival. Le besoin de camoufler le train d’Hitler «Amerika » contre les attaques aériennes, fera de celui-ci un endroit sûr puisqu’il est creusé à 30 mètres sous le plateau.
C’est en septembre 1942 que les gros travaux de construction des bunkers vont commencer. L’Aisne est alors divisée en deux zones, une zone interdite et une zone occupée qui est sous le joug Allemand. Son administration doit répondre aux demandes de main d’oeuvre que l’occupant réclame.
En 18 mois, près de 22 000 ouvriers forcés ou volontaires vont couler 200 000 m3 de béton. Soissons deviendra une véritable fourmilière où les ouvriers seront cantonnés, dans la caserne GOURAUD ou dans d’autres bâtiments.
Dés le début des travaux, les groupes de résistance ( Bir Hakim - Gautier ), vont renseigner les alliés sur l’état d’avancement du chantier.
Deux grands personnages du 3e Reich vont attirer l’attention. Himmler, qui se rendra deux fois à Vregny où le château est fortifié. Rommel le 5 janvier 1944, qui visitera le site de Vauxaillon et son tunnel aux portes blindées de 20 cm d’épaisseur.
Si Margival a aujourd’hui cette importance dans notre histoire locale et nationale, c’est par la venue d’Hitler le 17 juin 1944.
Ce jour-là, il convoque ses Maréchaux Von Rundstedt et Rommel pour définir les stratégies à suivre dans les opérations de Normandie.
Mais, les directives prises à Margival auront peu de retombées sur les combats de la libération. Dans la nuit du 17 au 18 juin, un v1 tombe sur la ferme de St Guilain à Allemant, à 3 km du QG de Margival. Ce qui va obliger Hitler à annuler sa visite en Normandie et à rentrer en Allemagne.
Le siège de l’OBW ( quartier général du front Ouest ), commandé par le Maréchal Walter Model s’installe alors à Margival du 19 au 28 août.
Le 24 à midi, c’est de là qu’il transmet au général Von Choltitz l’ordre qu’il a reçu de Hitler de brûler Paris.
Aucun combat ne sera livré pour prendre cette fortification, car les Allemands l’évacueront subitement le 28 août.
De 1944 à 2000, les ouvrages de Margival seront occupés successivement par l’OTAN, puis par l’armée Française.
Aujourd’hui, ce lieu, pillé par les récupérateurs de métaux, se dégrade doucement et seul l’épaisseur de son béton n’a pas permis qu’il soit complètement démoli. La passion de quelques bénévoles permet aujourd’hui de le visiter dans des conditions difficiles.
Didier LÉDÉ