Monument aux Morts
Notre commune, contrairement à de nombreuses autres, ne possède pas un monument du souvenir…mais deux. Chacun d’entre eux a une « petite histoire » que nous allons tenter de relater.
Dès la fin de la grande guerre, les Margivalais et leurs élus sont soucieux de ne pas oublier ceux qui ont versé leur sang et donner leur vie pour le pays, c’est ainsi que le 3 août 1920, les élus décident de faire graver « une plaque commémorative aux soldats tombés au champ d’honneur » et de faire poser celle ci à la mairie. Cette plaque, réalisée, ne verra jamais l’intérieur de la mairie mais sera posée à l’église. En août 1922, les élus pensent qu’il serait préférable qu’elle soit au cimetière sur un monument à ériger ; lors de cette session, les conseillers décident de concéder gratuitement et à perpétuité 4 m de terrain.
Pendant 5ans l’idée « sera oubliée » jusqu’à une session du conseil municipal de novembre 1927, suite à une proposition de la famille DORMEUIL, le maire Clovis JOZET proposera aux conseillers :
1/ de la fondation de sépulture de M et Mme Alfred DORMEUIL suivant acte de M RICHEPIN, notaire à Soissons, du treize mars mil huit cent quatre vingt dix sept, par cet acte la commune de Margival , s’est engagée moyennant une rente de soixante dix francs, d’assurer à perpétuité l’entretien de la chapelle mortuaire où reposaient M et Mme DORMEUIL…aucune réparation ou entretien n’a été faite à cette chapelle qui a été complètement détruite par la guerre.
2/ du projet de convention entre la famille et héritiers DORMEUIL et la commune de Margival modifiant la dite fondation de sépulture et demandant que la somme de mille neuf cent vingt cinq francs provenant des rentes accumulées soit employée à l’édification d’un monument dans le cimetière de Margival avec croix et plaque des enfants de Margival morts aux champs d’honneurs… le conseil municipal décide qu’une somme mille sept cent cinquante sept francs quatre vingt centimes à prendre sur l’article 9 du budget additionnel soit payée aux entrepreneurs pour le monument et la croix. :
- M Jean PITOIS pour 250,60 F
- M Gaston BRISMEE pour 1 003,60 F
- M Louis GERARD , ferronnier d’art à Crouy pour 503,60 F
(extrait délibération du 27/11/1927)
Ce monument sera le témoin de bien des cérémonies émouvantes, mais sa mémoire se souvient particulièrement de celle qui eut lieu le 7 août 1947 où les honneurs furent rendus à l’ancien prisonnier de guerre Louis CARPENTIER, mort en captivité.
« le camion ramenant le corps de Louis CARPENTIER….arriva dimanche, vers 10h30. Le cercueil fut placé face au monument aux morts et recouvert d’un drapeau tricolore et de nombreuses gerbes de fleurs offertes par les A.P.G. ( Anciens Prisonniers de Guerre), l’U.N.C ( l’union des Combattants) et les habitants.
Des délégations des A.P.G. de Soissons, Crouy, et Margival et les anciens combattants de Margival assistaient à la cérémonie avec leur drapeau, ainsi qu’une section en armes de 202ème pionniers.
MM FERRET, secrétaire cantonal des APG et ROUSSELLE, maire, saluèrent la mémoire de Louis CARPENTIER et les soldats rendirent les honneurs ».
Le second, bien que l’idée mûrit plus tard, fut réalisé plus tôt.
En effet, le 20 juillet 1922, le conseil municipal décide d’implanter un « monument aux enfants de la commune morts aux champs d’honneur » place de la République( place se situant de l’autre côté de la voie de chemin de fer, avenue de Montgarny maintenant). La concrétisation de tardera pas : par une délibération du 29 avril 1923, le conseil municipal, approuve le marché que son maire a conclu avec un entrepreneur de la commune pour la réalisation du dit document.
« … qu’un marché de gré à gré a été signé par M JOZET, maire, et M BRISMEE, entrepreneur, qui s’est chargé de l’exécution des travaux du monument à élever en l’honneur des enfants de Margiavl, morts pour la France, sur la place de la République, que les travaux, prévus au devis estimatif, s’élèvent à la somme de 3 348,37 F.. »
Le monument implanté près de l’imposant tilleul de la place, souffre de son emplacement ( feuilles, eau, branches) et se dégrade. On songe donc, dès 1931, à le déplacer et à le rapprocher du cœur du village.
En juillet 1932, l’emplacement de l’ancien cimetière et le terrain à côté de la place de la mairie, sont nivelés, aménagés : on y plante des tilleuls ; tout est prêt pour accueillir le monument qui est déplacé et inauguré en avril 1933.
Margival est le premier village du canton, ainsi qu’en témoigne cet extrait de « La Dépêche du 20 août 1947 », à avoir une nouvelle plaque comportant les noms des victimes de la guerre 1939-45.
« la plaque où sont gravés les noms des victimes de la guerre 1914-1918 a été remplacée par une autre plaque où la liste des morts pour la France s’est allongée, hélas !
Des noms de ceux qui ont succombé dans la période tragique de 1939-1945. La commune de Margival a tenu à être la première du canton, ainsi que le fait remarquer M DELCELLIER, conseiller général à procéder à ce douloureux rajustement. La cérémonie d’inauguration a eu lieu dimanche après midi, avec le concours de la garnison de Margival, car cette commune est maintenant dotée d’une garnison qui occupe les ouvrages fabriqués par les Allemands.
Etaient également présents : la batterie de Crouy, les A.C de Crouy et de Margival et la Société de Secours Mutuels ; MM DELCELLIER, conseiller général, HENIQUE, maire de Neuville sur Margival, LEVEQUE, maire de Braye-sous-Clamecy, NIVART maire de Vuillery et l’historien local F.GUYART de Neuville. Quand tout le monde fut tourné en carré autour du monument aux morts …. La batterie exécuta la sonnerie. Aux champs ! et M ROUSSELLE, maire de Margival, enleva le voile tricolore qui recouvrait la nouvelle plaque. Tandis que les soldats présentaient leurs armes, les enfants chantèrent la Marseillaise sous la direction de M le Curé et la batterie exécuta la sonnerie « Aux Morts ».
M ROUSSELLE, maire, prit alors la parole et donna lecture de la liste complète des souscripteurs…. . le montant de la souscription pour la plaque s’élevait à 10 580 F auxquels s’ajoutaient 3 190 F versés par le comité des fêtes. le commandant MONTAGNE, le maire, les représentants des Sociétés… M PITOIS au nom des anciens combattants déposèrent des gerbes de fleurs devant le socle du monument.
M Louis THINE, ancien militaire, procéda à l’appel des morts militaires et civils. Un défilé s’organisa derrière la batterie de Crouy, les drapeaux de l’U.N.C de Crouy et de Margival et la bannière de la société de Secours Mutuels…. Un vin d’honneur fut ensuite offert dans la mairie aux officiels, qu’avaient rejoints M Charles DESJARDINS, député et M FERTE, maire de Terny…
M ROUSSELLE remercia tous ceux qui ont répondu à l’invitation de la commune, les souscripteurs et les organisateurs de la cérémonie…. »
Le 1er juillet 1953,les élus décident, lors d’une session de conseil municipal de « coiffer » le monument d’un coq en bronze ; celui-ci est acheté et posé dans les semaines suivantes. (Coq : 60000 F + pose :2000 F).
En 1993, M GUIBERT, entrepreneur de maçonnerie, pose de nouvelles plaques en marbre, sur les deux monuments.
De nombreux autres monuments et stèles juchent le sol de notre commune et les alentours ; certains sont fréquentés et commémorés, d’autres oubliés ou simplement dépecés par le temps, mais ils sont là, et sont la preuve que d’âpres combats se déroulèrent sur notre terre et qu’il ne faut pas oublier.